En tas, en surface ou lombricompost : quel compost choisir ?

En tas, en surface ou lombricompost : quel compost adopter ?

Véritable richesse au potager, le compost n’est pas seulement un amendement de choix mais constitue également une excellente façon de réduire ses déchets en les valorisant. C’est d’ailleurs pour cette raison que de nombreuses familles font le choix de composter, choix encouragé par les municipalités. Il est donc important de retenir que le compost n’est pas réservé aux jardiniers ! Les citadins trouveront une utilité première au compostage en diminuant les charges dues aux traitements de leurs déchets mais pourront tout autant utiliser le compost pour leurs plantes d’intérieur. Et dans le pire des cas, et bien il y a forcément quelqu’un dans l’entourage qui appréciera un petit peu de compost en cadeau !

Alors concrètement, comment procéder ? Il existe de très nombreuses manières de composter, mais globalement on peut résumer ces opérations en trois types.

1. Le compostage en tas

C’est la méthode que tout le monde a en tête lorsque l’on évoque le compost. Il s’agit d’entasser par couches successives ses déchets verts (restes de cuisine, tontes, …) et bruns (tailles d’arbustes, paille, cartons, …). Cet entassement peut s’effectuer à l’air libre mais bien souvent on préfère utiliser des bacs composteurs. Plus esthétiques, ils permettent en plus d’accélérer le processus de décomposition de la matière.

Méthode

Selon la méthode employée, le compostage en tas permet de produire un compost en 6 à 12 mois et en grandes quantités. Ce n’est pas négligeable ! Pour arriver à ces résultats, il y a quelques règles toutes simples à respecter.

  • L’équilibre des apports : on parle toujours en compostage de matériaux verts et de matériaux bruns. Cela ne désigne absolument pas la couleur des apports et ce n’est donc pas forcément très parlant… On pourrait discuter très largement sur le sujet pour bien cerner tous les aspects, mais il faut retenir avant tout que les matériaux verts désignent les matières humides (tontes de pelouses, épluchures de légumes, feuilles vertes, …). Ces matières sont riches en azote. A l’opposé, les matériaux bruns désignent les matières sèches (branchages, cartons divers, …) riches en carbone. Le rapport carbone/azote (symbolisé par C/N) est primordial dans les écosystèmes, et le compost en est un à part entière. Le rapport à respecter ici est donc de 1/2 de matériaux verts pour 1/2 de bruns à l’optimal, 2/3 de vert pour 1/3 de brun maximum.
  • Humidité : pour que le processus se déroule bien, il faut une humidité du milieu constante mais sans inondation. Pour équilibrer l’humidité, on peut jouer sur l’exposition aux pluies et sur les apports de matériaux humides ou secs.
  • Air : indispensable lui aussi, il faut toutefois une aération légère seulement sans quoi on risque d’assécher trop rapidement le compost.

Et c’est tout !

2. Le lombricompostage

Un compost en tas n’est pas envisageable pour des jardiniers qui ont un tout petit jardin ou pour ceux vivants en appartement. Le lombricompost est donc une excellente solution qui permettra de produire de petites quantités de compost mais d’excellente qualité et offrira un jus très riche. Si l’aventure vous tente, vous pouvez bricoler vous-même un lombricomposteur ou alors l’acheter. Je vous conseille quand même le choix de l’achat qui rend la pratique nettement plus agréable et plus simple.

Méthode

L’utilisation d’un lombricompost demande un tout petit peu plus d’attention que le compostage en tas mais rien d’inabordable ! Les règles de base sont similaires aux précédentes (les matériaux verts se résumant souvent aux épluchures de légumes et les bruns sont souvent des cartons déchirés en petits morceau, des tubes d’essuie tout ou de papier toilette) mais le lombricompost demande un peu plus de rigueur car on ne peut « l’abandonner » comme on le peut avec un compost en tas. Vos vers ont besoin de nourriture qu’il faut apporter régulièrement.

Concrètement, l’ensemble fonctionne avec un système de tamis superposés. On commence par alimenter un premier tamis, lorsque celui-ci est plein on ajoute un second par-dessus puis un troisième. Les vers vont consommer les apports et migrer progressivement vers les étages supérieurs. Une fois arrivés au 3ème étage, le premier peut normalement être collecté et replacé dessus. En parallèle, chaque semaine on récolte un jus dans le collecteur inférieur (équipé d’un robinet en général).

3. Le compostage de surface

Cette méthode se base sur le fonctionnement naturel de nos écosystèmes. Les matières mortes tombent au sol et sont recyclées sur place apportant ainsi les éléments nutritifs directement au pied des plantes. De plus, ce processus engendre une explosion de vie : des bactéries (bénéfiques), des champignons, de petits invertébrés, des vers de terre, … qui incorporent tous ces éléments au sol en le travaillant. On l’observe très bien dans nos composteur et finalement, cela ne serait-il pas plus utile directement dans nos parcelles ?

Méthode

Le compostage de surface consiste donc à épandre les matériaux directement au pied des cultures. Certains se plaignent du côté inesthétique de la chose mais l’efficacité est redoutable et surtout cela évite quantité d’opérations inutiles (emmener les matériaux au compost, le retourner plusieurs fois, vider le composteur, emmener le compost sur les parcelles, l’incorporer soi-même dans les premiers cm, …). Et si vraiment, vous souhaitez masquer vos apports, il est toujours possible d’écarter le paillage et le remettre par-dessus ensuite ! Enfin, il n’est plus nécessaire de se casser la tête à respecter aussi rigoureusement les 3 règles énoncées plus haut. Des apports diversifiés sont toujours indispensables mais inutile de les quantifier !


Ma stratégie de compostage

Stratégie est un bien grand mot pour une opération aussi élémentaire que le compostage, j’en conviens. Mais j’ai quand même dû me poser cette question car chacune des méthodes précédentes présente ses avantages et ses inconvénients. Les combiner est donc la solution, comme bien souvent. 

Utiliser un composteur …

… Pour composter rapidement de grandes quantités et obtenir ainsi suffisamment de compost pour des apports localisés au pied des cultures très gourmandes. Les courges par exemple, sont très friandes de compost et elles apprécieront un apport conséquent à la plantation. Ça tombe bien, en automne lorsque l’on procède au grand ménage on dispose souvent de beaucoup de matériaux, trop nombreux pour un compostage de surface et inenvisageables pour un lombricompost. Je dispose donc de deux composteurs que je remplis entièrement à l’automne, en alternant brun et vert toujours, avec :

  • Les résidus de culture qui se terminent
  • Les dernières tontes
  • Les feuilles qui commencent à tomber
  • Les tailles des haies

Avec ça, ça se remplit très vite ! La montée en température se fait donc rapidement et le compost se stérilise. On peut sans crainte mettre les tomates atteintes de mildiou ou les feuilles de courges couvertes d’oïdium. Les graines d’adventices sont elles aussi brûlées.

Je retourne mon compost une fois par mois ensuite et au bout de 6 à 8 mois, j’ai un compost prêt à être utilisé ! Un compost préparé en septembre-octobre est donc prêt en mai pour les plantations.

Composter en surface…

… Pour entretenir la vie des sols cultivés et leur fertilité. A chaque récolte, je laisse sur place toutes les parties qui ne m’intéressent pas. Fanes de carottes, feuilles de betteraves et de radis, … Une part prélevée et une de rendue ! Cela permet en plus de maintenir une couverture au sol avec tous les bienfaits qu’on lui connait.

J’apporte également en compostage de surface une partie des tontes estivales, des petites tailles d’entretien que je veille à couper le plus finement possible, les fleurs fanées, les épluchures de ma cuisine, … Bref, tout ce qui pourrait rejoindre un composteur.

Utiliser un lombricomposteur…

… Pour les trésors qu’il produit : lombricompost et jus de ver. Le jus de ver est issu de l’humidité du lombricompost qui percole et qui se charge en éléments nutritifs. Les quantités produites sont faibles mais leur richesse compense. J’utilise donc le lombricompost et son jus pour mes cultures (potagères ou non) en pots essentiellement ainsi que pour mes semis.

Pour l’alimenter, j’utilise exclusivement mes épluchures et restes de légumes et fruits que je complète avec du carton pour l’équilibre vert/brun. L’excédent d’épluchures est utilisé en compostage de surface.

En combinant tout cela, je n’ai pas besoin d’acheter le moindre engrais ou amendement pour fertiliser mon potager. Tout est produit sur place et gratuitement ! Sans compter la satisfaction de participer à la réduction des déchets.

Alors et vous, compostez-vous ?

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5 commentaires pour “En tas, en surface ou lombricompost : quel compost choisir ?

  1. Bonjour,
    J’ai un jardin potager, j’ai mis un composteur dont je suis satisfaite. J’y mets herbes, carton vierge, et déchets domestiques J’y ai mis aussi du fumier de cheval récupéré dans un haras. le plus souvent je laisse sur place tout ce que j’ai taillé et les végétaux sont rapidement assimilés par la terre. En ce qui concerne les « mauvaises herbes » je les laisse, sauf le liseron qui étrangle plantes ou légumes, ou les herbes trop près des tiges et qui gênent mes cultures. Le long du chemin il y a du compost en grande quantité laissé par la mairie . Mes voisins en utilise beaucoup mais ont des « mauvaises herbes ». je pensais le mettre d’abord dans mon composteur en automne et l’épandre au printemps qu’en pensez vous ? un voisin prend de ce compost creuse assez profondément met le compost et recouvre de terre, ainsi selon lui les graines contenues dans le compost ne peuvent pas germer . quel est votre avis . Depuis deux ans, j’ai pris l’habitude de faire un faux semis au printemps. En automne je couvre le sol de feuilles mortes.
    En ce qui concerne l’engrais vert, je mets de la phacélie ne monte pas tjs avant l’hiver ( je suis en Franche comté). Elle se met à pousser à partir du printemps . Cette année, je ne l’ai pas arrachée, elle sert de couvre sol, elle fera des graines en automne et ainsi de suite. Elle ne me gène pas parcequ’elle ne dérange pas les plantes et légumes.

    1. Inutile de composter à nouveau ce compost, cela vous fait de la manutention pour rien. Pour le souci des graines, vous pouvez certes l »enfouir mais les graines ont une durée de vie très longue et finiront un jour pour retrouver la surface et germer. Le mieux est de pratiquer un faux semis sur ce compost comme vous le faites par ailleurs. C’est redoutablement efficace.

      En tout cas, félicitations ! Vous utilisez plein de bonnes techniques !

      A bientôt

  2. Bonjour,
    Merci pour cet article très complet. Pour moi, l’esthétique dans le jardin est important et je suis tentée par le compostage en place, pour la facilité, mais ne le ferai pas. Voici la solution que j’applique depuis plusieurs années et qui fonctionne. J’ai un grand jardin et pour éviter d’avoir à retourner le compost (car j’ai des problèmes de dos), j’en fais deux et je les utilise par roulement. Cela permet à chaque tas de rester en place 18 mois et ainsi de bien décomposer sans intervention.

    1. Bonjour Catherine,

      Merci pour ce partage !

      C’est aussi tout à fait possible d’instaurer un roulement sur les composteurs vous avez raison ! Il faut toutefois ne pas avoir trop d’apports à faire, sinon deux composteurs risquent d’être un peu justes.

      A bientôt

  3. Merci pour cet article très complet. Comme je jardine sur mon balcon, j’ai choisi le lombricomposteur et j’en suis satisfaite. En plus de donner bonne conscience, il me permet en partie de couvrir les besoins de mon balcon-jardin. Et parfois, une plante surprise fait son apparition dans mes pots (des tomates, des poivrons…) 😉

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